L’appartenance confessionnelle, ethnique, sociale, voire même linguistique de l’individu ne détermine pas forcement son appartenance identitaire. L’identité est un ensemble d’éléments qui s’acquièrent au cours de la trajectoire de vie. L’identité intrinsèque de l’individu se forme de toutes les expériences, qu’elles soient acquises au sein du groupe d’appartenance, ou à l’extérieur du groupe d’appartenance ethnique. Le capital Socio-culturel que la personne accumule au cours de son existence, fait qu’elle soit singulière et unique. Selon les références accumulées, l’identité est convoquée en fonction du but et de la finalité recherchée. Que le but poursuivi soit l’affirmation de l’identité et de l’appartenance ethnocentriste, confessionnelle ou linguistique, elle demeure un élément qu’il faut traiter avec d’infinies précautions. Par ethnocentrisme, il faut entendre les références que l’individu recherche au sein de son ethnie d’origine, à l’exclusion de toute autre référence socio-culturelle. Selon l’un ou l’autre objectif, l’identité, au lieu d’être un vecteur de cohésion, d’entente, et d’enrichissement mutuel, peut être un déclencheur de tensions et de divisions communautaires. Si l’on s’obstine à faire l’apologie de tout aspect de différenciation ethnique, socio-culturelle ou identitaire. L’expression de l’identité est source de rejet, si elle ne s’ouvre et ne se laisse imprégner par l’identité de l’autre et ne lui concède un espace ou elle peut s’épanouir, faute de quoi elle devient source d’enfermement et de réclusion identitaire. Le principe de la double appartenance socio-culturelle et identitaire qui nous concerne tous et dont on doit débattre sans idée préconçue, ou à priori, si l’on veut tirer des conclusions enrichissantes. Les enfants issus de mariages mixtes ou nés dans un pays ou les repères socio-culturels sont différents de ceux des pays de naissance de l’un ou des deux parents. Alors se forme la personnalité d’un enfant et son identité s’affirme malgré la différence socio-culturelle qu’il renferme en lui. Tenter de définir et d’expliquer ce processus est un exercice délicat, cela demande la maitrise de certains éléments qui relèvent de la socio-anthropologie, car il faut revenir à l’histoire de l’émigration et des mouvements des populations, ou ce que l’on appelle aujourd’hui, dans notre société mondialisée, la mobilité des personnes. Mais les deux vocables ont des acceptions différentes et ne donnent pas lieu aux mêmes constats. La mobilité est un mouvement de départ avec un projet d’installation qui peut aboutir à une assimilation, il est l’aboutissement d’une démarche préparée et assumée et qui peut être expliquée aux enfants qui à leur tour l’intègrent et l’assument et peuvent la considérer comme une base d’équilibre pour leur projet de vie, et la construction de leur nouvelle identité, en assimilant les repères socio-culturels de leurs parents comme un élément constitutif de l’histoire de ces derniers, et qu’ils n’ont pas en tant que descendants à en assumer l’héritage. L’émigration par contre est un mouvement de déplacement souvent à titre temporaire, ou tout au moins ce que l’on peut penser, et pour des raisons plus économiques que d’installation. Dans la plupart du temps l’émigration renferme un projet de retour au pays. Cet aspect de l’émigration interdit de manière indirecte et souvent insidieuse la rupture du lien avec la famille et le pays, car elle ne repose que sur une intention de récolter un capital pour le réinvestir dans un projet au pays. Ainsi le retour et la réinstallation deviennent le seul projet qui vaut d’être vécu et pour lequel des sacrifices doivent être consentis de part et d’autre. La famille restée au pays, tient le candidat à l’émigration dans une situation d’entre deux.
MBA expert en politiques publiques et politiques sociales