Monsieur Le Chef du Gouvernement, Palais du Gouvernement Place de la Kasbah 1010 Tunis
Monsieur,
Cela fait plus de soixante ans que l’émigration tunisienne dans les pays de l’union
Européenne et dans le reste du monde existe..
Nous sommes plus d’un million et trois cents vingt cinq mille Tunisiens installés à l’étranger, 84% installés dans les pays de l’union Européenne, dont 54 % en France. Nous représentons 12 % de la population Tunisienne. Nous drainons annuellement 4,6 milliards de dinars vers l’économiste Tunisienne. Cet apport Financier représente environ 4,5 à 5% du produit intérieur brut.
Nous considérons que notre rôle en tant qu’acteur économique, financier et social doit être reconnu par l’État afin que nous puissions jouer un rôle important dans la participation au redressement de l’économie et la construction d’un projet de société en Tunisie.
Depuis la révolution de 2011 nos attentes n’ont été prises en compte par aucun gouvernement, or chacun sait que nous représentons un réservoir de compétence et de flux financiers importants.
En 2011, fût institué un secrétariat d’État à l’immigration et aux tunisiens à l’Étranger.
En 2017 suite au remaniement ministériel du 3ème gouvernement de Mr CHAHED, il fût remplacé par un ministère délégué auprès du chef du gouvernement. C’était un ministère sans cabinet.
Les Tunisiens installés a l’Etranger dont je fais partie, ont considéré cela comme une Ministere qui n’a aucun rôle et qui ne répondait pas aux attentes de la diaspora.
A la suite des élections de 2019 et la formation du nouveau gouvernement, le ministère des Tunisiens installés à l’Étranger a disparu, sans aucune autre forme de débat.
Aujourd’hui vous êtes en train de mener des négociations pour la formation d’un gouvernement. Je vous demande de bien vouloir prendre en compte les Tunisiens Installes à l’Étranger et leur dédier un secrétariat d’Etat ou un Ministère avec des moyens et des missions précises et identifiées afin de leur donner la visibilité et l’audience dont ils n’auraient jamais du manquer, et leur donner ainsi la possibilité d’apporter leur contribution à la Tunisie et défendre ses intérêts, son identité culturelle, et ses partenariats dans les pays de résidence.
La communauté des Tunisiens Installes à l’Etranger est un acteur incontournable et indispensable pour la Tunisie.
Le Ministre ou le secrétaire d’État déléguée à la migration et aux Tunisiens Installés à l’Etrange aura pour tâche d’entreprendre la construction d’une démarche pragmatique et claire et créer un environnement favorable, pour permettre la participation de manière durable de la diaspora au développement du pays. Ceci devra obligatoirement aboutir à une intégration totale des TIE dans la vie publique de la Tunisie. Ainsi, ils auront le sentiment d’avoir leur place et renforcera leur attachement et celui de leurs enfants au pays.
Il aura pour mission :
- D’organiser le dialogue avec les structures associatives de la société civile de la diaspora, et assurer une fluidité des relations entre la Tunisie et les pays de résidence.
- Rétablir la relation de confiance entre la diaspora, les autorités de l’État , et les administrations et rendre ces relations de dialogue et d’échange plus constructives et basées plus sur l’aide , le soutien et l’accompagnement des TIE (Tunisiens Installés à l’Etranger) qui souhaitent contribuer à la vie économiques par des actions d’investissement ou d’ingénierie de projets.
- Construire une politique migratoire relative à la gestion, la régulation et la maitrise des flux afin de créer les outils d’analyse et de recensement des données de la diaspora et les mettre à la portée des autres administrations.
- Intégrer dans la politique migratoire une analyse sociologique qui tient compte de toutes les catégories socio professionnelle de la diaspora, pour établir une typologie qui définit les profils et les compétences qui composent la diaspora et y faire appel en cas de besoin de mise en place de projets de développement nécessitant des compétences supplémentaires et mettre en valeur les expériences acquises et le savoir faire des TIE.
- Prendre en compte les tunisiens installés à l’étranger dans toutes les politiques publiques et sociales à construire et encourager la mutualisation des moyens humains entre l’intérieur et l’extérieur du pays pour en faire une seule entité sociologique qui œuvre pour un seul et même projet.
- Rassurer les porteurs de projets issus de la diaspora sur la viabilité de leurs démarches et leur permettre d’en garder la maitrise par la mise en place des adaptations réglementaires et fiscales nécessaires, serait un outil qui encouragerait les membres de la diaspora et contribuerait plus efficacement à la dynamisation des territoires et à leur engagement auprès des responsables locaux.
- Établir une instance de coordination et de médiation entre la diaspora et la Tunisie, qui associe pouvoirs publics et secteur privé, pour en faire l’animateur d’appui et l’interlocuteur unique des acteurs économiques et sociaux de la diaspora. Cette initiative permettrait de mieux structurer les canaux d’information et de dialogue, et assurer une veille réglementaire et juridique sur les dispositifs destinés à la diaspora.
- Les membres de l’instance de coordination doivent être installés de préférence dans les pays de résidence, auront pour mission d’être les relais locaux auprès des TIE, pour affiner la concertation sur les enjeux qui se présentent et les modalités d’y répondre. Tout ceci s’appuie sur une communication basée sur des informations claires et fiables à destination de tous les TIE pour les informer des enjeux et les mobiliser autour des solutions à construire.
- Prévoir la mise en place d’un calendrier de rencontres afin de maintenir la mobilisation sur tous ce qui touche à la relation de la Tunisie et les pays de résidence.
- Enfin une communication destinée au grand public et aux responsables politiques pour les informer des décisions arrêtées et les sensibiliser aux problématiques qui se posent et au travail qui doit être effectué.
- La loi d’instauration de Haut Conseil représentatif des TIE, a été voté en 2016, jusqu’à ce jour le HCRTE (Haut Conseil Représentatif des Tunisiens de l’Etranger) n’a pas été mis en place et ce pour des raisons politiques. Les représentants des TIE demandent a ce que cette instance soit mise en place et que la participation des associations des TIE soient effective, même à titre consultatif. Le futur Ministere , ou secrétariat d’Etat pourra compter sur la contribution des membres du conseil représentatif des Tunisiens installés à l’Etranger pour l’aider à établir le partenariat nécessaire à la prise en compte des TIE dans la construction de la société Tunisienne et le renforcement de l’État de droit.
- Construire une politique migratoire relative à la gestion, la régulation et la maitrise des flux afin de construire les outils d’analyse et de recensement des données de la diaspora et les mettre à la portée des autres administrations.
- Intégrer dans la politique migratoire une analyse sociologique qui tient compte de toutes les catégories socio-professionnelles des Tunisiens installés à l’étranger, pour établir une typologie qui définit les profils qui composent la diaspora et y faire appel en cas de besoin de mise en place de projets de développement nécessitant des compétences supplémentaires et mettre en valeur les expériences acquises et le savoir faire des TIE.
- Les jeunes générations issue de l’émigration Tunisienne ont besoin d’avoir un ancrage identitaire avec le pays de leurs parents et d’accéder à sa culture et son histoire. Une réflexion en profondeur sur les modalités d’enseignement de la langue arabe, de l’accès à la culture et l’histoire de la Tunisie doit consolider la double appartenance identitaire et culturelle des générations issues des migrants Tunisiens et qui sont nées dans les pays de résidence, en prenant en considération les conditions de travail et de couverture sociale des enseignant détachés. L’organisation de séjours linguistiques, culturels et historiques pour les enfants de la diaspora, en dehors du cercle familial, leur donnerait l’occasion de découvrir l’histoire et la culture du pays, de pratiquer la langue dans des conditions éducatives et pédagogiques qui renforceraient leur lien affectif avec la Tunisie.
- La majorité des Tunisiens Résidants à l’Etranger sont actifs et essaient de faciliter à leurs enfants l’accès à la culture et la langue d’origine pour avoir un équilibre identitaire et acquérir les moyens d’être des citoyens responsables dans leur pays de naissance et d’avoir un jour la possibilité d’apporter une contribution au pays d’origine de leurs parents. Or L’accès à la langue et la culture d’origine reste difficile.
- Alors quand il est organisé et contrôlé, donne un équilibre, qui permet à la personne d’assumer sa bi-culturalité sans se sentir étrangère au pays de sa naissance et sans se sentir perdue par rapport à son origine. Pour consolider l’ancrage identitaire de ces jeunes générations, et de préciser le regard que portent les autorités Tunisiennes sur les enfants des émigrés nés et élevés dans les pays de résidence, il serait pertinent que lesdites autorités précisent la place qu’elles pourraient leur accorder. comment les considèrent elles, comme des citoyens dont elles attendent une contribution, ou simplement des sujets résidants à l’étranger. ?
- Toutes ces questions ont une relation étroite avec le regard que le pays d’origine et ses autorités portent sur le principe de la double appartenance et la manière dont ils comptent l’appréhender.
J’ose espérer que ma requête trouveras aupres de vous un écho favorable, et vous prie Monsieur le Chef du Gouvernement de recevoir l’expression des ma considération distinguée.
M’Barek AOUADI Expert en politiques publiques et sociales